Éducateur/trice familial(e) : un métier d’engagement

Le métier d’éducateur/trice familial(e) est un élément clé du Projet d’ACTION ENFANCE qui consiste à accueillir des fratries, en petites unités, sur un modèle de type familial. Or aucune formation initiale ne prépare à ce métier alliant professionnalisme et engagement. Un enjeu central alors que la Fondation, en fort développement, a augmenté ses effectifs de 12 % en trois ans et répond à de nouveaux appels à projets départementaux.

Porter le souci de l’enfant et en prendre soin dans toutes les dimensions du quotidien : une caractéristique majeure d’ACTION ENFANCE qui a fait de l’accueil de type familial le cœur de son projet.

S’il faut tout un village pour élever un enfant comme le dit le proverbe africain, heure après heure et jour après nuit, c’est aux éducateurs/trices familiaux(les) que cette mission incombe au premier chef. Du petit déjeuner au câlin du soir en passant par les courses, la préparation des repas, l’organisation des rendez-vous médicaux, la surveillance des devoirs, le lien avec l’école, la proposition d’activités, mais aussi les relations avec l’Aide sociale à l’enfance, le juge, les familles… ces professionnels sont l’alpha et l’oméga de la maisonnée.

L’originalité et la force de la Fondation reposent sur l’engagement et la permanence éducative qu’ils/elles incarnent. Leur mission : protéger et veiller à la sécurité, assurer l’éducation, porter avec bienveillance et empathie un réel intérêt à chacun, être attentif aux émotions tout en posant le cadre et les règles qui permettent d’avancer, aider à réaliser son projet professionnel et accompagner vers l’autonomie, faire vivre la fratrie. Dans un rôle de suppléance parentale, ils/elles sont celui ou celle sur lequel/laquelle les enfants et les jeunes peuvent compter au quotidien et pour qui ils comptent.

Le contexte

En 2005, une loi a reconnu la singularité de l’emploi des éducateurs/trices familiaux(les) exerçant en Villages d’Enfants et d’Adolescents et a instauré le statut légal spécifique d’« éducateur familial ». Il entérine une dérogation au droit du travail sur les 35 heures et autorise une présence auprès des enfants 24 h/24. Une permanence éducative qu’ACTION ENFANCE estime indispensable à l’équilibre des enfants et qui est au cœur de son mode d’accueil.

Pour soutenir les professionnels dans l’exercice de leur métier, la Fondation a élaboré une formation de 120 heures qui en explore les différentes facettes. Face à la raréfaction des candidats, elle a lancé une campagne de recrutement qui évoque, sans fard mais avec humour et tendresse, le quotidien des d’éducateurs/trices familiaux(les).

Des éducateurs/trices familiaux(les) aux profils plus variés

« Le métier d’éducateur/trice familial(e) est complexe par la diversité des missions mais aussi par la relation que les professionnels doivent nouer avec chacun des enfants et avec la fratrie. Il est unique dans le secteur socio-éducatif et même au sein de la Protection de l’enfance », explique Boris Papin, Directeur des Ressources Humaines d’ACTION ENFANCE.

Un métier qui va de la gestion quotidienne de la maison, comme le ferait une famille, jusqu’à la production de notes rapports éducatifs et divers écrits professionnels.

« Une technicité de plus en plus importante est apportée dans les formations initiales des éducateurs/trices spécialisé(e)s. Il peut y avoir une réticence à vivre le quotidien avec les enfants comme l’exige notre Projet, notamment chez les jeunes diplômés, précise Vincent Trugeon, Responsable projets éducatifs à la Direction Innovation, Appui et Qualité de la Fondation. Ce que suppose l’accueil de type familial, de partage du quotidien, de « faire avec » peut être perçu comme insuffisamment noble dans la représentation qu’ils ont de leur métier. Alors que ce qui crée la relation avec un enfant, c’est justement le quotidien. Elle est là, la richesse ! »

Si les candidatures d’éducateurs/trices spécialisé(es) aux postes d’éducateur/trice familial(e) se raréfient, de nouveaux profils attirent l’attention. Il n’est en effet pas obligatoire de détenir un diplôme du secteur médico-social pour postuler chez ACTION ENFANCE. En revanche, une expérience professionnelle significative auprès des enfants et une forte motivation pour vivre et défendre le Projet de la Fondation sont indispensables.

« Ce métier est très exigeant en termes de conciliation vie privée/vie professionnelle, nous en sommes parfaitement conscients, relève Boris Papin. Avant de s’engager, mieux vaut avoir une connaissance précise de la Fondation et de son projet, et y adhérer. Au cours du process de recrutement, il faut parler vrai. Mais le métier a aussi beaucoup d’avantages, qui parlent à des personnes en quête de sens. »

À la recherche de sens

La campagne de recrutement, mise en œuvre depuis avril 2022, agit sur ces deux registres, promettant « des moments de galère » sur une image réjouissante et décalée d’enfants jouant avec leur éducateur ou leur éducatrice familial(e). Dans un secteur social qui rencontre des difficultés à recruter, ACTION ENFANCE a décidé de parler vrai avec cette campagne portée par la Fondation.

L’organisation de forums de l’emploi et de portes ouvertes dans ses établissements permet aux candidats de se rendre compte des conditions de travail. « Les maisons sont grandes et agréables. Le cadre de travail donne plus envie que des dortoirs et des cantines. Lors de ces visites, nous demandons aux éducateurs/trices familiaux(les) du Village de venir parler de leur métier aux potentiels futurs éducateurs/trices. En toute transparence », indique Nadia Rabat, Directrice du Village d’Enfants et d’Adolescents de Bréviandes.

Édouard Jung, éducateur familial au Village d’Enfants et d’Adolescents de Bar-le-Duc, est assez représentatif des nouveaux professionnels qui rejoignent ACTION ENFANCE. Il se souvient de sa première journée au Village. « À l’arrivée, dans la maison, j’étais très impressionné. On ne connaît pas encore les enfants alors qu’eux ont déjà leur rythme, leurs modes de fonctionnement. On prend tout de suite les repas avec eux. » Dix-huit ans d’expérience dans le domaine social et scolaire, l’habitude et l’envie de travailler avec les enfants et les adolescents étaient mis à l’épreuve. « Je partage la vie du Village, mes nuits font partie de mon quotidien de travail, mais je sais pourquoi j’ai signé : j’ai toujours voulu faire cela et on m’avait très bien expliqué ma mission lors de mon recrutement, dit Edouard Jung, qui avait quitté un CDI pour prendre ce poste. De plus, j’ai été très bien encadré par le chef de service et épaulé par mes collègues dont je me suis beaucoup inspiré. »

Boris PAPIN Directeur des Ressources humaines d’ACTION ENFANCE

Nous recrutons de plus en plus de personnes qui viennent d’autres horizons que la filière du travail social, parce que notre projet est porteur de sens.

Une formation qui valorise le métier

« Ce qui fait la spécificité de l’éducateur/trice familial(e) n’est pas enseigné dans les Instituts régionaux du Travail social (IRTS) », reprend Nadia Rabat. C’est pourquoi ACTION ENFANCE a estimé nécessaire de proposer aux nouvelles recrues et aux éducateurs/trices familiaux(les) non diplômé(e)s une formation conçue sur mesure.

« Quand je suis arrivée, ce qui m’a interpellée c’est l’énorme polyvalence qu’il fallait déployer immédiatement. Le nombre d’informations, de règles, de fonctionnements à assimiler… C’est assez impressionnant, plus que dans les autres emplois que j’avais eus », note Lucille Grenot, éducatrice familiale au Village d’Enfants et d’Adolescents de Soissons. Ancienne assistante de vie scolaire, elle a été parmi les premières à bénéficier de la formation d’éducateur/trice familial(e). « Par mon parcours, je manquais de connaissances en Protection de l’enfance. La formation m’a permis de mieux comprendre comment cela fonctionnait. Elle m’a aussi donné envie d’approfondir les sujets de la psychologie et du développement de l’enfant. »

La formation d’éducateur/trice familial(e) est portée par la Direction Innovation, Appui et Qualité d’ACTION ENFANCE sur la dimension éducative et par la Direction des Ressources humaines pour la gestion administrative et la valorisation des compétences. Elle s’adresse à tous les éducateurs/trices familiaux(les) de la Fondation, diplômé(e)s ou non du secteur éducatif et social. Les nouvelles recrues sont prioritaires, mais la formation est aussi ouverte aux personnes en poste depuis plusieurs années.

Vincent TRUGEON Responsable projets éducatifs à la Direction Innovation, Appui et Qualité d’ACTION ENFANCE

Les établissements sont très mobilisés dans cette formation interne d’éducateur/trice familial(e). Les chefs de service et l’accompagnateur Afest jouent un rôle primordial.

Des exigences précises sur le métier d’éducateur/trice familial(e)

Comprendre ce qu’ACTION ENFANCE attend de ses éducateurs/trices familiaux(les), c’est tout l’enjeu de cette formation. Cela se joue sur trois registres :

  • l’équilibre vie professionnelle/vie privée, gage de qualité de vie au travail dans un rythme où les séquences jour/nuit peuvent être éprouvantes ;
  • une démarche bienveillante et empreinte de liens d’attachement qui place l’éducateur/trice dans une bonne proximité avec les enfants : savoir consoler, conseiller, guider, sans se substituer aux parents, à la famille ;
  • les repères dont chacun dispose individuellement et qui doivent ici être partagés avec ses collègues, au sein d’une Fondation.

« Les éducateurs/trices que nous accueillons en formation disent souvent qu’ils/elles n’avaient pas mesuré l’écart entre savoir gérer le quotidien d’une maisonnée et accompagner à sa juste place des enfants qui sont sujets à des troubles psychotraumatiques importants », relève Vincent Trugeon. Un module est dédié à cet aspect, afin que les éducateurs/trices puissent mieux prendre en compte le parcours, l’histoire, les difficultés de chaque enfant.

« Nous insistons également beaucoup dans la formation sur le fait que l’éducateur/trice familial(e) n’est pas un(e) travailleur(se) social(e) isolé(e) mais qu’il/elle agit au sein d’un collectif, d’une institution qui a des principes d’actions et des valeurs collaboratives. » Le cursus de 120 heures comporte des séances en présentiel et du travail personnel à réaliser en distanciel. Il n’est complet et validé qu’à l’issue d’un Accompagnement de formation en situation de travail (Afest).

Ces temps de pratique quotidienne sont supervisés par des pairs expérimentés afin de s’assurer de la capacité de l’éducateur/trice à gérer le quotidien, à rentrer dans une relation individuelle avec chaque enfant tout en respectant la dimension de vie en groupe. Des grilles d’évaluation entérinent chaque étape de ce parcours.

« Si nous sommes aussi exigeants sur ces principes, c’est que notre objectif est de certifier ces compétences acquises dans une logique de valorisation professionnelle », conclut Vincent Trugeon, maître d’œuvre de cette formation interne d’éducateur/trice familial(e).

Grandir avec ses frères et soeurs : un besoin

Dans nos Villages d’Enfants et d’Adolescents, frères et sœurs grandissent ensemble sans risquer d’être séparés. Ce maintien des liens favorise leur reconstruction.