Répondre aux nouvelles demandes des Départements et apporter des solutions aux besoins toujours plus complexes des enfants et des jeunes placés au titre de la Protection de l’enfance. Face à ces défis, la Fondation a ré-interrogé son dispositif et conçu de nouveaux services en parfaite cohérence avec son Projet.

Comment mieux prendre en compte la diversité des besoins des enfants placés et satisfaire aux attentes des Départements qui ont la charge de leur protection ? S’appuyant sur son Projet et son modèle spécifique – l’accueil de frères et soeurs au sein de maisons par des éducatrices/teurs familiaux, la Fondation a élaboré un plan stratégique ambitieux, répondant aux divers besoins des Départements tout en restant aligné avec la raison d’être d’ACTION ENFANCE.

Consolider les modes d’accueil

L’accueil de type familial, mis en oeuvre dans les Villages d’Enfants et les Foyers d’adolescents, représente un socle d’expertise et d’expérience reconnu par nos partenaires.
Une première orientation stratégique consiste à consolider ce socle en s’inscrivant dans une dynamique d’amélioration continue. L’une des clés est d’assurer la cohérence entre l’intention éducative, sa mise en oeuvre et ce qu’elle produit. La prise en compte de la parole des enfants, par exemple, est insuffisamment exploitée à ce jour. Si on ne les interroge pas, comment savoir que le souvenir que retient Thomas de son arrivée au Village d’Enfants de Cesson est cette peluche qui l’attendait sur son lit ou que Claire, Noémie, Adam et Steven ont détesté que l’on vienne les chercher à la sortie de l’école en minibus ? Pour éviter de « penser à la place des enfants et des jeunes », la Fondation réfléchit à l’ouverture d’espaces neutres pour recueillir leurs paroles. Depuis quelques mois, elle a mis en place un cycle de rencontres thématiques avec des anciens des Villages d’Enfants et de Foyers. « La difficulté à se créer un réseau amical, en raison du cadre du placement et des règles de fonctionnement des établissements ressort très fortement, précise Julie Basset, directrice adjointe du développement. Ne pas rentrer de l’école à pied avec ses camarades de classe, préférer refuser les invitations parce que la procédure d’autorisation est trop lourde, ne se déplacer qu’avec son éducateur… Ce fonctionnement sécurisant pèse à terme sur le capital social et l’autonomie des enfants. » Cette parole des anciens accueillis est riche d’enseignements. La Fondation la sollicite notamment pour la conception de ses futurs Villages d’Enfants.

Consolider les parcours

Un tiers des enfants et des jeunes placés dans nos établissements y sont accueillis pendant plus de 5 ans. Ils quittent les Villages, en moyenne, à l’âge de 14 ans. Nombreux sont ceux qui sortent à 18 ans des institutions de Protection de l’enfance sans espoir de retourner dans leur famille. Pour renforcer la cohérence de leur parcours, la Fondation souhaite diversifier ses modes d’accueil. « Cela nous a amenés à répondre à l’appel à projets du Département d’Indre-et-Loire par une architecture de solutions totalement nouvelle », indique Jamel Senhadji, directeur du nouvel établissement chinonais de la Fondation. Pour ce territoire, la Fondation prendra en charge une cinquantaine d’enfants dans cinq structures complémentaires : un Village d’Enfants, un service d’accueil en semi-autonomie, un accueil de jour pour des jeunes en rupture scolaire, un accueil pour des jeunes en situation complexe et un service d’autonomie pour les jeunes majeurs.

Même logique de cohésion territoriale en Seine-et-Marne où le Village d’Enfants de Boissettes et le Foyer d’adolescents La Passerelle sont désormais unis sous une même direction. « Lorsque cela est pertinent dans leurs projets individuels, les jeunes peuvent vivre leur placement à la Fondation avec plus de fluidité en intégrant le Foyer, plus adapté à leur âge et à leur mode de vie. Cela présente beaucoup d’avantages, en termes de suivi individuel et de maintien des liens avec les équipes éducatives », estime Corinne Guidat, directrice des deux établissements. Pour les jeunes qui en ont besoin, le dispositif ACTION+ prend la relève à tout moment après 18 ans. Le conseil d’administration a également donné mandat à ACTION+ pour intervenir avant la sortie des jeunes, en collaboration avec les Villages et Foyers. Mieux préparer la sortie de placement pour prévenir les situations à risque et faire savoir aux jeunes qu’ils pourront toujours compter sur la Fondation, c’est cela aussi travailler à la consolidation des parcours.

Intégrer de nouveaux modes d’accueil

Dans les parcours de placement, les équipes éducatives sont souvent amenées à accompagner des enfants ou des jeunes présentant des troubles du comportement, momentanément déscolarisés ou en situation de rejet de tout ce qu’on leur propose. Situé en centre-ville et à faible distance du Village d’Enfants, un service d’accueil de situations complexes offre un lieu de vie pour des séjours d’apaisement, de re-mobilisation et de préparation à un retour au Village ou au Foyer d’origine. Un accueil spécifique de proximité y est mis en place comprenant un travail éducatif renforcé et un accompagnement thérapeutique adapté. Outre la collaboration avec les partenaires médicaux et médico-sociaux du département, les éducateurs familiaux s’appuieront sur leurs compétences particulières pour proposer des ateliers pédagogiques, éducatifs, artistiques, sportifs, etc. Ils ne sont pas appelés à s’installer dans cet accueil. C’est une pause, un moment de répit qui leur est offert au sein de la Fondation. Trois services d’accueil de situations complexes ouvrent à Chinon, à Pocé-sur-Cisse et à Amboise en septembre 2019.

Parmi les besoins émergents, figure également l’accueil de mères mineures. Le Département du Loiret a ainsi demandé à ACTION ENFANCE de réfléchir à un dispositif spécifique pour des mères mineures, enceintes ou avec leur enfant. Le Village d’Enfants d’Amilly a dédié l’une des maisons à ce nouveau service.

De la même façon, sur ce territoire, une deuxième équipe répond aux besoins d’insertion pour les 16-18 ans avec un accompagnement progressif vers l’autonomie au moyen de logements diffus situés en ville. Dans ce parcours, trois étapes sont possibles : l’appartement éducatif, la colocation et enfin l’appartement individuel, au plus près du projet scolaire ou professionnel de chacun.

Autre innovation mise en place au sein de la Fondation : le Placement éducatif à domicile (PEAD). Cette mesure est prononcée par le juge. Il peut y avoir recours pour préparer ou éviter le placement d’un enfant en institution. Au Village d’Enfants de Pocé-sur- Cisse, qui développe ce service, une maison est réservée à l’accueil temporaire de l’enfant en cas d’aggravation de la situation. Ce mode de placement peut également être utilisé pour accompagner le retour d’un enfant ou d’une fratrie au domicile, en travaillant avec les parents sur l’organisation, le suivi scolaire et médical, etc. « Mais, avertit Chérifa Chambazi, directrice du Village d’Enfants de Pocé-sur-Cisse, nous l’exercerons en respectant les fondamentaux d’ACTION ENFANCE, c’est-à-dire avec une équipe éducative. » Les six éducateurs familiaux dédiés pourront intervenir à domicile aussi bien pour instaurer un rituel de coucher pour les petits que pour favoriser le lever d’un adolescent sur le chemin de la déscolarisation, pour aider une mère désemparée face à la conduite alimentaire désordonnée de son enfant comme pour veiller à son suivi médical. Le PEAD concerne les parents, par le soutien à la parentalité, et l’enfant, au titre de sa protection.

Avec cette offre diversifiée d’accueil et de protection, ACTION ENFANCE réaffirme sa mission auprès des enfants en danger en prenant en compte toutes les dimensions de la Protection de l’enfance.

Retrouvez l’article complet dans notre magazine Grandir Ensemble n°103, p.4