« Sourire me donne de la force »

Un père souffrant de troubles psychotiques et des relations extrêmement tendues, voire violentes, avec sa mère ont conduit au placement d’Éric alors qu’il avait une douzaine d’années. Mais c’est la joie de vivre et la débrouillardise qui caractérisent le mieux le jeune homme. Avancer sans regarder en arrière.

Éric vient tout juste de fêter ses 19 ans lorsque nous le rencontrons pour préparer cet article de Grandir Ensemble. C’est une personne solaire, incroyablement joyeuse et positive. « Surtout ne pas rester bloqué. On règle les trucs et on avance, même si parfois, bien sûr, cela prend un peu de temps. C’est ma façon de vivre. Sourire me donne de la force. » Et son parcours témoigne de cette volonté de prendre sa vie en main. Placé depuis la 6e dans le cadre d’une mesure de protection administrative (et non sur décision du juge), Éric connaît successivement plusieurs institutions. D’abord, un foyer d’urgence à Meaux, puis deux structures près de Melun, avant d’être accueilli par ACTION ENFANCE, dans les Appart’ados du Village d’Enfants et d’Adolescents de La Boisserelle à 17 ans. « Clairement, le meilleur endroit où j’ai été accueilli ! Je me suis senti encouragé par les éducateurs qui m’ont aussi beaucoup aidé dans les démarches que l’on doit faire pour prendre son autonomie. » Avec la Fondation, Éric fait un voyage à Berlin, un trail dans le Jura, « Je n’avais jamais eu de telles opportunités en sept années de placement. »

Je pense qu’il n’y a pas de fatalité à être un enfant placé. On peut se réinventer.

Le bac et une « participation » au JO de Paris

Malgré ces changements successifs et le risque de perte de repères, Éric réussit sa scolarité et obtient un bac pro Production. « À chaque fois, il me fallait un ou deux mois pour m’habituer, puis les notes se stabilisaient. » En 2023, il remarque dans son lycée une affiche proposant une formation d’agent de sécurité événementiel pour les Jeux olympiques de Paris. « Cela n’avait rien à voir avec mon orientation professionnelle, mais c’était une formation rémunérée et cela m’ouvrait de belles perspectives de job étudiant. » Diplôme en poche, il est retenu par trois entreprises de sécurité et travaille à l’Arena Champ-de-Mars, au Stade de France et au Parc des Expositions de Villepinte. « Cette première expérience professionnelle m’a beaucoup apporté. J’ai rencontré des personnes de cultures différentes et amélioré mon anglais grâce aux échanges quotidiens. J’ai élargi mon réseau social et appris à mieux communiquer avec une équipe. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des sportifs et d’assister à des épreuves incroyables ! Et, bien utile, j’ai pu faire mes premières économies, ce qui m’a permis de commencer à être autonome à la sortie de l’ASE(1). »

Être autonome mais savoir demander de l’aide

Après avoir manqué de peu sa première année en DUT Génie industriel et maintenance, Éric cherche à rebondir. « Quitter ACTION ENFANCE, assurer toutes les démarches administratives, trouver un logement, se faire à manger, tomber amoureux, cela faisait vraiment beaucoup de choses en plus des études. » Un peu dépassé, il n’a pas renouvelé sa demande de logement au CROUS(2) dans les temps. « J’ai depuis déposé plusieurs dossiers dans des résidences étudiantes. Et grâce au diplôme d’agent de sécurité événementiel, j’ai des missions régulières. Sur le CV, les JO font bon effet ! » Après quelques semaines de recherche, il s’est finalement inscrit en BTS Maintenance des Systèmes dans un lycée de Créteil. S’il parle toujours avec ses parents, ils ne lui sont pas d’un grand soutien. « Je n’ai pas encore contacté ACTION+(3), mais je pense que je vais le faire. J’aime bien me débrouiller seul mais, parfois, il faut savoir demander de l’aide. »


(1) Aide sociale à l’enfance
(2) Centre régional des œuvres universitaires et scolaires
(3) Dispositif d’accompagnement social de la Fondation financé intégralement grâce à la générosité de ses donateurs

Pourquoi le Village d’Enfants et d’Adolescents ?

Le modèle du Village d’Enfants et d’Adolescents fondé sur un cadre de vie de type familial et un quotidien partagé avec les éducateurs offre notamment un cadre de vie stable et à taille humaine aux enfants.