L’autonomie en douceur

L’approche de la majorité est souvent une angoisse pour les enfants protégés qui savent qu’ils devront voler de leurs propres ailes, le plus souvent sans appui familial, dès la fin de leur mesure de placement. Afin de les accompagner en douceur vers l’autonomie, ACTION ENFANCE jalonne leur parcours de modes d’accueil adaptés et restera présente à leur côté, quoi qu’il en soit.

À 16 ans, Marie-Félicia a déjà connu plusieurs placements, d’abord en foyer d’urgence puis au Phare, le Foyer d’Adolescents d’ACTION ENFANCE situé à Mennecy. Depuis novembre 2022, elle inaugure un nouveau dispositif conçu par la Fondation pour favoriser l’apprentissage de l’autonomie des jeunes qui lui sont confiés.

« ACTION ENFANCE a acquis cinq appartements sur le même palier d’une résidence privée à quelques centaines de mètres du Foyer. Onze jeunes sont accueillis dans ces appartements où ils vivent en colocation. L’équipe éducative est “en résidence” dans l’un des appartements au plus près des adolescents qu’elle accompagne dans la vie quotidienne », explique Safia Kali, cheffe de service de semi-autonomie au Phare.

Pour faciliter la transition, les éducateurs du service de semi-autonomie étaient déjà en poste au Foyer d’Adolescents. « Ils sont des repères pour les jeunes, pour qui on veut éviter de répéter les ruptures douloureuses qu’ils ont connues. Pour autant, nous devons préparer au mieux leur départ à la fin de leur placement. Avec ce service de semi-autonomie, nous posons une brique supplémentaire dans un parcours construit vers l’autonomie complète », analyse la cheffe de service.

Responsabilisés mais bien entourés

La colocation, c’est précisément la formule qu’a choisie Marie-Félicia qui partage son appartement (deux chambres et un grand salon) avec une autre jeune fille.

« Nous nous connaissions déjà, ce qui nous a permis de nous organiser très vite sur des sujets qui peuvent être compliqués comme celui des courses. Nous avons décidé de faire pot commun pour la nourriture et cela se passe très bien », témoigne l’adolescente. Avait-elle des appréhensions de se retrouver seule ? « En fait, on n’est pas si seules. Bien sûr, c’est à nous de gérer notre quotidien, de faire les courses, d’entretenir notre appartement. Cela peut inquiéter au départ, mais on n’est pas livrées à nous-mêmes. Les éducateurs nous donnent plein de conseils et d’astuces. Ils sont là pour nous si on a besoin d’eux. » Marie-Félicia apprécie ce nouvel environnement, qu’elle voit comme une étape.

« Emménager dans cet appartement, c’est une vraie chance ! Cela m’a permis de m’ouvrir aux autres, de mûrir. Ici, nous avons des voisins, des personnes qui habitent l’immeuble. Ce sont de nouveaux types de liens pour moi. Cela m’a permis d’évoluer de façon positive et de prendre des responsabilités que je n’avais pas forcément avant. Si j’avais dû passer directement à un studio en ville, sans appui éducatif, là je crois que je n’aurais pas supporté », reconnaît la lycéenne qui prépare consciencieusement son bac de français.

Elle est également très heureuse de pouvoir inviter des amis ou sa famille, beaucoup plus librement qu’avant. Cette vie en semi-autonomie est aussi profitable pour développer son capital social.

Les appartements de semi-autonomie constituent un espace d’expérimentation et d’apprentissage de l’autonomie.

« Ce mode d’accueil fournit aux adolescents le cadre qui leur permettra d’acquérir très vite ces compétences de la vie quotidienne. L’idée est de proposer un parcours évolutif adapté à chacun », souligne Safia Kali. Le Foyer d’Adolescents du Phare a récemment rejoint le Village d’Enfants et d’Adolescents de Ballancourt pour former un seul établissement. Ainsi, dans une continuité de placement, les enfants qui auront vécu au Village pourront s’installer dans une maison du Phare, qui propose un accueil de type familial adapté aux adolescents, avant d’emménager dans les appartements de semi-autonomie. Un parcours sans rupture jusqu’à l’âge adulte, d’autant plus intéressant que le service de semi-autonomie peut accueillir les jeunes pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance jusqu’à leur 21e anniversaire, sous réserve qu’ils aient un projet leur permettant de signer un Contrat jeune majeur avec le Département.

Grandir avec ses frères et soeurs : un besoin

Dans nos Villages d’Enfants et d’Adolescents, frères et sœurs grandissent ensemble sans risquer d’être séparés. Ce maintien des liens favorise leur reconstruction.