La joie de se retrouver

Le retour en famille de Kalyss, après deux années passées au Village d’Enfants et d’Adolescents de Pocé-sur-Cisse, s’est fait dans le cadre sécurisant d’un placement éducatif à domicile (PEAD). La jeune fille de 16 ans et sa mère ont accepté de témoigner de cette période de retrouvailles.

Kalyss, à droite sur la photo, et son éducatrice familiale Angélique Chaumont.

Des difficultés de communication qui rendent la situation intenable : voilà ce qui a décidé la mère de Kalyss à demander le placement de sa fille, âgée de 11 ans. « On était à la fois très fusionnelles et conflictuelles. J’ai un fort caractère, elle est très sensible. On n’arrivait plus à se comprendre ! Nous avions besoin de cet éloignement », explique la mère de Kalyss. Prévu pour être un placement administratif, le dossier part finalement devant le juge des enfants, le père, jusque-là absent, voulant faire valoir ses droits.

Kalyss est placée, d’abord en familles d’accueil, où cela ne se passe pas toujours bien.« Je voulais de toutes mes forces que Kalyss aille au Village d’Enfants, plus sécurisant, même si je craignais que ce soit difficile pour elle qui a des difficultés avec le collectif ». En janvier 2020, Kalyss est accueillie au Village d’Enfants et d’Adolescents de Pocé-sur-Cisse. « Au début, j’avais une chambre seule. Tout de suite, deux filles sont venues m’inviter à une soirée pyjama. Nous sommes devenues amies. Puis j’ai partagé ma chambre avec une fille. C’était pendant le Covid. J’étais bien contente de ne pas être seule », se souvient l’adolescente dont l’une des difficultés est la crainte de se sentir rejetée par ses pairs.

Kalyss

Finalement, j’ai bien aimé vivre en groupe, au Village. Et dans le cadre du PEAD, j’ai même fait de la figuration sur le tournage “d’ACTION ENFANCE fait son cinéma”. Tout cela m’a fait grandir.

« Certainement que Kalyss n’a pas bien vécu cette décision. Mais avec le recul, en grandissant, je pense qu’elle verra les choses différemment. Il valait mieux un placement, que l’on se revoie maintenant et que l’on s’entende, plutôt qu’un placement tardif où il n’y aurait plus eu de possibilité de retour », estime la mère de la jeune fille. Pendant cette période, Kalyss rentre chez elle le week-end et les vacances. En janvier 2022, le juge estime qu’un retour en famille est possible, avec une mesure de placement éducatif à domicile.

Un accompagnement soutenant

Pendant un an et demi, Angélique Chaumont et Léa Favroux, deux éducatrices du service de PEAD de Pocé-sur-Cisse ont accompagné la mère et la fille dans cette nouvelle vie. « Elles venaient à la maison trois fois par semaine. Au départ, ce n’était pas simple à vivre, cela peut sembler intrusif. Mais il fallait en passer par là, accepter cet accompagnement. Et puis, elles ont la bonne manière de faire, de parler. Elles m’ont beaucoup soutenue et nous ont aidées à nous retrouver. »

Mère de Kalyss

L’équipe nous a énormément aidées à nous reconstruire. J’ai eu la chance d’avoir tout ce soutien.

Pendant ce PEAD, Angélique Chaumont et Léa Favroux ont beaucoup travaillé sur la relation mère-fille : apprendre à communiquer, être à l’écoute des besoins de son enfant, être à sa place d’enfant et accepter ses parents comme ils sont. Kalyss dit avoir bien vécu cette période : « Angélique ou Léa étaient là pour nous. Leur présence était apaisante quand cela n’allait pas bien avec Maman et que l’on risquait de crier et de s’injurier. »

Trouver sa voie

Une part importante du travail a porté sur l’autonomisation et l’élaboration du projet professionnel de Kalyss, sujets de tension et d’inquiétude. Avec l’aide d’Angélique et de Léa, la jeune fille a exploré différentes voies avant de s’orienter vers la cuisine. Elle prépare actuellement un CAP en alternance dans le restaurant de sa soeur aînée et envisage déjà de compléter sa formation par un CAP Pâtisserie. « Au CFA(1), Kalyss a de très bonnes notes, alors qu’elle était en difficulté scolaire au collège. C’est un vrai soulagement », observe sa mère.

Alors qu’il était difficile pour elle d’imaginer que Kalyss prenne le train toute seule, l’adolescente prend à présent régulièrement le bus, le train et le tramway pour se rendre à ses activités. Grâce à l’accompagnement d’Angélique et de Léa, la relation est à présent bien installée.

Le retour à domicile a été sécurisé et le soutien du PEAD n’est plus nécessaire. Il a pris fin en janvier 2023.

(1) Centre de formation des apprentis.

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Dans nos Villages d’Enfants et d’Adolescents, frères et sœurs grandissent ensemble sans risquer d’être séparés. Ce maintien des liens favorise leur reconstruction.