Déscolarisée, en perte de repères, mettant sa vie en danger, Fiona a bénéficié successivement de deux séjours Agile. Financé grâce à la générosité des donateurs de la Fondation, ce dispositif permet aux enfants et adolescents de se ressourcer à la campagne. Une expérience salvatrice qui lui a permis de reprendre confiance et de trouver sa voie. Elle se rêve en soudeur-plongeur, construisant ou réparant en eaux profondes.
À 16 ans, Fiona, accueillie au Village d’Enfants et d’Adolescents de Monts-sur-Guesnes depuis 2016, était une jeune fille un peu perdue dans sa vie, dans ses liens avec sa famille et ses pairs comme dans son projet professionnel. Elle avait arrêté le lycée quelques semaines après la rentrée. Chaque tentative d’orientation était couronnée d’un mouvement de fuite. Sa situation était critique, avec des passages à l’acte auto-agressifs qui la conduisaient aux urgences psychiatriques. Elle voulait quitter le Village, mais son emménagement dans la maison de Poitiers s’était soldé par un échec. « En accord avec l’Aide sociale à l’enfance, nous avions décidé de lui “faire prendre l’air” en la confiant à une famille d’accueil relais. Sans plus de succès. C’est ainsi que nous nous sommes tournés vers le dispositif Agile », expose Laetitia Monsçavoir, psychologue du Village. « C’est un service de la Fondation, cela me rassurait », ajoute Fiona.
Le harcèlement scolaire avait mis Fiona en vulnérabilité et lui avait fait perdre confiance en elle. Son premier séjour Agile visait à lui offrir un lien privilégié et très sécurisant avec son accompagnatrice. « Nous avons conçu un séjour en accompagnement individualisé. Nous avons discuté avec elle pour lui apporter les éléments de sécurisation qui lui permettent de s’engager dans ce projet », explique Claire Sionneau, psychologue du dispositif Agile. La rencontre avec Corinne, éducatrice Agile, a été un réel déclencheur. « Nous étions dans un gîte à la campagne dans la Creuse, juste toutes les deux. C’était bien. Corinne ne me connaissait pas. Elle m’a mise en confiance dès le début. Je pouvais parler de ce que je voulais », témoigne Fiona. Une relation très riche se noue entre Fiona et Corinne qui identifie chez la jeune fille des qualités, des aptitudes, des envies et des goûts. L’éducatrice suggère alors que Fiona puisse bénéficier d’un deuxième séjour Agile, quelques mois plus tard.
« L’enjeu, cette fois, était que Fiona puisse s’affirmer au sein d’un groupe et mettre en avant sa personnalité et ses qualités », précise Claire Sionneau. C’est en compagnie d’une fille et de deux garçons, plus jeunes qu’elle, que Fiona part en itinérance à travers la Lozère avec des ânes. La marche, la médiation animale, les supports créatifs, la bienveillance de l’encadrement font leur effet. « On a beaucoup marché. 11 km la première journée, puis 16 et encore 14. Une journée de repos et enfin 18 km pour terminer. Je ne savais pas que je pouvais le faire. En groupe, il faut s’adapter aux autres. Et cela s’est bien passé », se réjouit Fiona. Pour Laetitia, la psychologue du Village qui la voit évoluer au quotidien, « ces séjours Agile opèrent de réelles transformations. Aujourd’hui, Fiona est épanouie ».
Au Village, j’ai aussi deux frères et une sœur. J’aimerais bien profiter d’un séjour Agile avec eux, pour partager cette expérience et les voir sous un autre jour.
À la rentrée 2025, Fiona compte intégrer les Compagnons du Devoir à Angers, pour préparer un bac pro chaudronnerie. Et, si possible, faire le tour de France et devenir maître-chaudronnier. « J’ai découvert la soudure en 2023 au Village grâce à un projet avec Zo Prod, un collectif d’artistes. J’ai adoré le fait de maîtriser le métal. Et un peu plus tard, j’ai découvert la plongée. Et j’ai adoré aussi », s’enthousiasme Fiona. Pourquoi pas en faire son métier en associant les deux ? « J’ai regardé sur Internet, “soudeur plongeur” ça existe ! C’est ce que je veux faire. » À l’heure où nous écrivons, Fiona cherche un patron pour son alternance, avis à nos lecteurs… Sa détermination devrait finir par convaincre.