Protection de l’enfance : comment accompagner le handicap ? 

Selon le rapport annuel du Défenseur des droits, environ 70 000 enfants faisant l’objet d’une mesure de l’aide sociale à l’enfance (ASE) seraient porteurs de handicap. Les enfants placés avec notification MDPH présentent une vulnérabilité particulière et ont besoin d’un accueil qui nécessite de prendre en compte aussi bien leur besoin en protection liés à leur placement que leur besoin de soins et de prise en charge de leur handicap

Handicap et protection de l’enfance : des parcours difficiles pour des enfants doublement vulnérables

De nombreux enfants en situation de handicap, parfois dès leur naissance, se trouvent, en absence de réponses adaptées à leurs besoins, contraints à un accueil par défaut dans des structures relevant de la protection de l’enfance. Les professionnels de la protection de l’enfance ne sont pas formés aux spécificités du handicap et certains enfants accompagnés ont besoin d’un temps important de prise en charge médicale et paramédicale.  

De nombreuses études françaises comme internationales sur la santé des enfants en protection de l’enfance mettent en évidence que les enfants porteurs de handicap sont plus enclins aux souffrances, aux inhibitions, et aux troubles psychiques que la population générale. Cela se traduit notamment par des troubles anxieux, des plaintes somatiques, des troubles du comportement, des troubles de la relation à l’autre, mais aussi par des mises en danger de soi ou des autres, des violences, des fugues, des décrochages scolaires, etc. Pour certains de ces enfants, l’intensité, l’exacerbation et la réitération de ces maux sont plus importants, et touchent gravement les processus de socialisation et les apprentissages. 

Si l’on met ce constat en regard de l’état des lieux effectué en 2013 par la DREES sur les échecs et retards scolaires des enfants accueillis par l’ASE et les phénomènes de déscolarisation dans l’année où survient le placement, les inquiétudes s’accentuent. En effet, à l’âge de 15 ans, c’est-à-dire juste avant la fin de la scolarité obligatoire, trois fois plus d’enfants accompagnés par les services de l’ASE que les enfants de la population générale sont déscolarisés. L’école peinant à répondre de manière adaptée aux élèves à besoins éducatifs particuliers, les enfants en situation de handicap placés à l’ASE cumulent les risques. Une enquête de DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance) met d’ailleurs en évidence le fait que les enfants en situation de handicap ont plus de risque d’être placés sous la tutelle de l’aide sociale à l’enfance (ASE).

A la Fondation ACTION ENFANCE, 16% des enfants accueillis sont scolarisés en tenant compte de leurs difficultés : 

  • Difficultés scolaires : les enfants sont scolarisés en SEGPA ou EREA
  • Difficultés liées à un handicap : l’admission dans ces structures se fait au moyen de la Commission Départementale d’Orientation vers les Enseignements Adaptés du second degré, parmi lesquels : 
    • 43% enfants et adolescents en ULIS (Unités Locales d’Inclusion Scolaire)
    • 17% en ITEP (Institut Thérapeutique, Educatif et Pédagogique
    • 39% en IME (Institut Médico Educatif)

Le défi de l’accompagnement des professionnels à la détection et la prise en charge du handicap chez les enfants issus de la protection de l’enfance. 

Selon le Défenseur des droits, les enfants porteurs de handicap sont doublement vulnérables et ont doublement besoin de protection puisqu’ils sont confrontés plus ou moins longtemps, plus ou moins gravement à un morcellement des interventions et du suivi auprès d’eux. Le rapport montre également les difficultés que ces enfants rencontrent lors de la fin de leur accompagnement par l’Aide Sociale à l’Enfance se trouvent particulièrement aggravés en cas de handicap : 

  • En raison de l’absence de prise en compte des spécificités de la sortie du dispositif en cas de handicap de l’enfant ;
  • En raison de l’absence d’anticipation de la sortie et de coordination des acteurs. 

Certaines initiatives sont mises en place pour accompagner et aider à la détection, l’accompagnement et le suivi des ces situations, parfois critiques, à l’image du projet Méristème.

Le projet Méristème

Comment améliorer la prise en charge d’enfants placés, en souffrance, sachant qu’il est très difficile de trouver rapidement des solutions de soins ? 

Pour y apporter une réponse optimale, la Fondation ACTION ENFANCE, le Département de l’Essonne et le Dr Sylvie Méhaudel ont conçu, en 2019, une structure de soins inédite, appelée Méristème, qui réunit dans un même lieu une équipe médico-sociale pluridisciplinaire dédiée aux problématiques de comportements des enfants accueillis dans les diverses structures de placement du Département. Depuis 2023, le dispositif expérimental a franchi une nouvelle étape avec la création officielle d’un Groupement associatif : la Fondation ACTION ENFANCE, AAPISE (Association d’Appui à la Participation, à l’Inclusion Sociale et Environnementale), AVVEJ (Association vers la Vie Education des Jeunes), Jean Cotxet et Diaconesses de Reuilly. 

Le dispositif poursuit ainsi deux objectifs : 

  1. Proposer une méthodologie de prise en charge quotidienne d’enfants mettant en difficulté les équipes de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE)
  2. Lutter efficacement contre les ruptures de prise de charge en instaurant un dialogue avec l’ensemble des acteurs gravitant autour de l’enfant.

Par ailleurs, le projet propose une approche d’intervention en triptyque permettant l’intégration de l’ensemble des partie-prenante au service du bien-être de l’enfant : 

  • Le prisme de l’enfant : ses ressources personnelles et les freins ;
  • Le prisme externe : la famille de l’enfant, histoire et analyse des causes ;
  • Le prisme de l’ASE : ses équipes internes, les postures et stratégies éducatives.

Grandir avec ses frères et soeurs : un besoin

Dans nos Villages d’Enfants et d’Adolescents, frères et sœurs grandissent ensemble sans risquer d’être séparés. Ce maintien des liens favorise leur reconstruction.