Le goût de la performance grâce au sport

Du risque de décrochage scolaire au mastère spécialisé en RSE, de déclic en sursaut, Johann a construit un parcours singulier dans lequel le sport mais aussi les relations sociales jouent des rôles déterminants.

Qu’est-ce qui fait qu’un jeune est devenu celui qu’il est aujourd’hui ? Entre déterminisme et détermination, Johann a fait son choix. « Je m’étonne souvent à quel point les gens ignorent ce qu’est la vie d’un enfant placé. Ils projettent sur nous des représentations qui nous isolent. Ils pensent que notre histoire est compliquée et que cela nous rend différent. Pour ma part, je pense que parce que l’on est tombé bas, on saura se relever. » C’est sans doute pour faire évoluer le regard, pour que les enfants et les jeunes se sentent écoutés et considérés que Johann participe activement au comité des anciens d’ACTION ENFANCE. « Je pense que si je n’avais pas été accueilli par ACTION ENFANCE quand j’étais petit, je n’en serais pas là aujourd’hui. J’aurais pu mal tourner si je n’avais pas eu cet accompagnement, ce cadre, ces encouragements, ces activités sportives, culturelles et sociales qui m’ont permis de me construire. Mes éducateurs étaient très attentifs à cela ! William, Karen et Bruno, c’est grâce à eux que j’ai pu évoluer vers ce que je suis aujourd’hui. »

Retrouver son frère

Johann a 11 ans, lorsqu’il arrive au Village d’Enfants et d’Adolescents de Soissons, après deux placements courts en foyer d’urgence et dans une famille d’accueil. « Je voulais me rapprocher de mon frère et une assistante sociale nous y a aidés en trouvant la structure d’ACTION ENFANCE. J’en garde d’excellents souvenirs et cela m’a permis de développer pas mal de compétences en termes d’autonomie, comparé à d’autres jeunes du même âge, qui vivent chez leurs parents ! »

Côté scolarité, son parcours a été un peu chaotique, et ce n’est vraiment qu’après avoir quitté le Village, alors qu’il était retourné chez sa mère dont la situation n’avait pas évolué, qu’il a réalisé l’importance de poursuivre des études. « Je ne pouvais pas me contenter de mon bac pro logistique et je ne voulais pas que ma vie professionnelle ressemble à mes emplois saisonniers. » Johann obtient son inscription en DUT qualité logistique sécurité. « C’était le déclic : j’avais eu cette opportunité, il ne fallait plus que je lâche l’affaire ! » Il enchaîne ensuite avec une licence à l’IUT de l’Aisne, un master au CESI de Reims pour acquérir des compétences managériales, puis un mastère spécialisé en RSE, pour lequel il prépare une thèse sur un sujet encore inexploré : « Comment les évolutions sociétales impactent la sécurité dans les industries. » Aujourd’hui en alternance dans un groupe américain spécialisé dans les solutions et services liés à l’eau, il espère bien y signer un CDI.

Johann

Participer au comité des anciens nous permet de changer de statut. On était enfant au sein de la Fondation, et là on voit qu’on prend une place d’adulte. Notre parole compte, elle est écoutée.

Fan de sport

Toujours en contact avec ses anciens éducatrices/teurs, chefs de service et anciens du Village de Soissons, Johann a eu l’occasion, dans le cadre de l’association qu’il a créée pendant son master, d’organiser un tournoi de foot entre les enfants du Village et d’autres jeunes sportifs. « Les éducateurs nous ont vraiment bien aidés dans cette organisation. En particulier Bruno Elmau, que je remercie pour son implication. Ils seraient prêts à recommencer mais je manque de temps avec ma thèse. » Il est vrai qu’en plus de son travail, de ses études et de sa thèse, Johann pratique le sport à haute dose : 16 à 17 heures par semaine, de course, de tennis, de musculation… « J’ai pris le goût de la performance sportive lors des treks dans les Pyrénées et au Maroc, avec William Roussel, qui est aujourd’hui mon référent ACTION+. Mais c’est depuis l’été dernier que je suis devenu très assidu. Cela a eu un effet positif sur ma santé mentale et physique, je me sens beaucoup mieux. »

Grandir avec ses frères et soeurs : un besoin

Dans nos Villages d’Enfants et d’Adolescents, frères et sœurs grandissent ensemble sans risquer d’être séparés. Ce maintien des liens favorise leur reconstruction.