Boris Cyrulnik entre concept de résilience et théorie de l’attachement 

Boris Cyrulnik est un neurologue, psychiatre, ethnologue, psychanalyste et écrivain français. Il est considéré comme l’inventeur du concept de résilience (renaître de sa souffrance) et comme l’un des pères de la théorie de l’attachement et de la sécurisation affective. 

Il écrit de nombreux ouvrages dont beaucoup traitent du comment guérir de ses blessures pour réussir à reprendre goût à la vie, parmi lesquels : 

  • La nuit, j’écrirai des soleils (édition Odile Jacob – 2019)
  • Sauve-toi, la vie t’appelle (édition Odile Jacob – 2014)
  • Parler d’amour au bord du gouffre (édition Odile Jacob – 2004)
  • Un merveilleux malheur (édition Odile Jacob – 2002)
  • Les Vilains petits canards (édition Odile Jacob – 2001)

En 2014, Boris Cyrulnik crée l’association « Institut Petite Enfance Boris Cyrulnik » qui se donne pour but de former les professionnels du secteur de la petite enfance, d’unifier l’accompagnement des jeunes enfants autour de bases communes telles que la théorie de l’attachement, la cognition ou encore l’éducation. Pour cela, l’Institut organise notamment de nombreux séminaires de formation pour favoriser le rapprochement entre recherche, expérience professionnelle et pratiques pédagogiques.

Le concept de la « résilience » 

Pour le neurologue, la « résilience » découle d’un traumatisme vécu par l’humain que ce soit enfant ou adulte, et de sa capacité à trouver la force de se reconstruire en passant le cap du dit traumatisme. 

On ne peut parler de résilience que s’il y a eu un traumatisme suivi de la reprise d’un type de développement, une déchirure raccommodée. Il ne s’agit pas du développement normal puisque le traumatisme inscrit dans la mémoire fait désormais partie de l’histoire du sujet comme un fantôme qui l’accompagne. Le blessé de l’âme pourra reprendre un développement, dorénavant infléchi par l’effraction dans sa personnalité antérieure. 

Selon Boris Cyrulnik, pour se reconstruire d’un traumatisme (maltraitance, accident, violences psychologiques, psychiques…), il faut tout d’abord se sentir en sécurité. Celles et ceux qui, dans leur passé (lorsqu’ils étaient des enfants en bas âge par exemple), se sont sentis en sécurité, auront davantage de résistance à la douleur. Et inversement. C’est alors qu’intervient l’importance d’identifier des lieux sécurisant pour favoriser la reconstruction positive, particulièrement chez les enfants. 

Résilience et attachement vont donc de pair. En effet, la résilience se construit dans la relation avec autrui (pas seulement grâce à la protection maternelle ou parentale) et donc dans les liens d’attachement que l’enfant aura en amont du traumatisme et de ceux qu’il pourra créer dans son processus de reconstruction. Les tuteurs de résilience sont des personnes qui vont guider et soutenir l’enfant : « le fait que l’enfant résilient ait pu croiser ou accrocher un jour avec un adulte, ou au moins un aîné, qui lui a apporté de l’aide, de l’affection ou de l’estime ». Ainsi le tuteur de résilience est une tiers personne qui va rendre possible la reprise du développement de l’enfant après son traumatisme. Cela peut être un éducateur de jeunes enfants, une assistante maternelle, une auxiliaire de puériculture, un psychologue, un enseignant ou une personne rencontrée dans une structure d’accueil… toute personne qui  va donner un accompagnement éducatif à l’enfant et  lui permettre de croire en lui, de se stimuler, de reprendre confiance en lui et se construire un projet d’avenir.

Pour découvrir la série c’est ici.

La biologie de l’attachement selon Boris Cyrulnik 

Dans les années 1950, le psychologue anglais John Bowlby, spécialiste de la petite enfance, définit pour la première fois le concept de la théorie de l’attachement comme un champ de la psychologie qui traite des relations entre êtres humains. Boris Cyrulnik reprend ce concept et lui donne une approche pluridisciplinaire qui intègre des données biologiques, affectives, psychologiques, sociales et culturelles. Il nomme alors cette nouvelle approche « biologie de l’attachement ».

Imprimés en nous, dans nos circuits neuronaux, l’attachement apprend à notre corps, que nous soyons chien, dauphin ou humain, qu’il y a de la sécurité et du plaisir à être aimé et à aimer, et nous l’oublions jamais. 

Boris Cyrulnik insiste sur l’importance de l’attachement et du lien de sécurité comme celui qui permet à chaque être humain d’acquérir suffisamment de confiance en soi et en le monde pour partir à sa découverte, sans que cela entraîne de l’anxiété. 

Il est prouvé depuis longtemps que la personnalité se fonde dès les premiers mois de vie du jeune enfant et que l’importance de la proximité physique et de la relation de confiance entre un adulte et un enfant procure des bienfaits indéniables et impact la croissance des plus jeunes. 

Une théorie directement applicable aux établissements d’accueil des jeunes enfants et qui intéresse particulièrement ceux qui vont travailler avec les enfants de manière générale (professionnels de la petite enfance en charge de l’accueil des jeunes enfants par exemple). En effet, ceux qui se sentent accompagnés, appuyés et en sécurité au sein de ces structures auront une meilleure capacité de développement et de construction de leur « soi » adulte. 

Pour Boris Cyrulnik, la formation des professionnels qui accueillent les enfants (structures d’accueil…) à ces pratiques pédagogiques est indispensable dans la bonne pratique de leur métier, au bénéfice des enfants. Cela permettra en effet de favoriser leur développement et contribuera à l’épanouissement des enfants. Le but étant de combler ou tout du moins de pallier les manques affectifs éventuels pouvant entraîner des séquelles, parfois irréversibles, à l’aide de nouveaux modes d’interactions prenant en compte cette théorie de l’attachement. 

Grandir avec ses frères et soeurs : un besoin

Dans nos Villages d’Enfants et d’Adolescents, frères et sœurs grandissent ensemble sans risquer d’être séparés. Ce maintien des liens favorise leur reconstruction.