Bienvenue à la ferme !
Faire vivre des expériences nouvelles à des enfants et adolescents présentant un mal-être : c’est l’objectif des séjours Agile d’ACTION ENFANCE. La Fondation s’appuie sur un large réseau de partenaires qui proposent des activités diverses favorisant le partage, l’ouverture d’esprit, la découverte de soi-même. Rencontre avec Jonathan Crogiez, de la ferme La Petite Ménardière.
Une ferme posée au milieu des champs, en bordure d’une petite route de campagne du Berry. C’est là que Jonathan accueille dans son gîte, pendant quelques jours, un ou deux enfants accompagnés par un ou deux éducatrices/teurs de la Fondation. Sa ferme est spécialisée dans l’élevage de chèvres nommées « Cou clair du Berry ». Il y fabrique un délicieux fromage de chèvre au lait cru, « le Petit Brennou ». Plusieurs enfants accueillis dans les Villages d’Enfants et d’Adolescents ont déjà découvert ce cadre champêtre, éloigné de tout. « Je n’ai pas grand-chose à donner, mais je peux donner de mon temps. J’estime que chacun a droit à plusieurs chances », témoigne Jonathan Crogiez avec beaucoup d’humanité. La Petite Ménardière a une tradition d’accueil. Les anciens propriétaires accueillaient déjà des personnes en situation de handicap. Naturellement, Jonathan a pris le relais et élargi le champ à différentes personnes en difficulté.
Je ne suis pas éducateur, je suis là pour les accueillir, partager une vie simple mais riche.Bienvenue à la ferme !
S’imprégner d’une autre vie
Au départ, les odeurs rebutent un peu les enfants. Très vite, Jonathan les emmène participer à la traite des chèvres, à la fabrication du fromage. « Ici, ils s’imprègnent d’une vie rurale qu’ils n’imaginent même pas. Ils goûtent les produits de la ferme, comprennent d’où vient ce qu’ils mangent. Surtout, ils se rendent compte que c’est bon ! » Il ne faut pas longtemps avant qu’ils s’acclimatent et jouent avec les chevrettes. Les deux enfants de Jonathan partagent facilement leur quotidien et leurs jeux avec les enfants accueillis à la ferme. Ils jouent avec les bottes de foin, vont nourrir les poules ensemble, font une partie de basket.
« Pour mes enfants, rien de plus normal ! »
Une rencontre
9 ans, venu en juin avec l’éducatrice du dispositif Agile. « C’est un petit garçon très intelligent et très touchant. J’en sais le moins possible sur les enfants et les jeunes. Je ne cherche pas à connaître leur histoire, leurs problèmes. Cela évite de projeter des jugements négatifs. Moi, je les accueille, je partage ce que j’aime, j’ouvre ma maison. » Ayant apprécié cette expérience, Malaury a exprimé le désir de revenir, seul ou avec son frère. Jusqu’à présent, aucun enfant n’est encore revenu pour un second séjour. « Mais qui sait, peut-être que dans cinq ou dix ans, l’un d’entre eux sonnera à la porte parce qu’il se souviendra de moi ? » .
Le regard de la psy
Claire Sionneau, Psychologue au dispositif Agile
Pour Malaury, comme pour d’autres, la rencontre avec Jonathan peut faire la différence. Il n’est pas issu
du sérail éducatif. Il n’a pas le jargon institutionnel. C’est essentiel, parce que certains enfants et adolescents vivent principalement dans des institutions, où les espaces de créativité et les moments pour
expérimenter sont difficiles à trouver. Jonathan ouvre les portes d’un monde très différent. Il n’a pas d’objectifs éducatifs – c’est le domaine de l’éducateur ou de l’éducatrice Agile. Cela décrispe l’enfant par rapport aux enjeux et aux problématiques auxquels il doit faire face au quotidien.
Ce paysan est un partenaire intéressant parce que les enfants sont très réceptifs aux actions qui ont un sens concret. Apprendre de l’expérience, reproduire des gestes… Cela leur montre qu’ils sont capables, qu’ils savent faire quelque chose, qu’ils valent quelque chose. Et en tant qu’éducatrice/teur ou psychologue, on peut y faire référence par la suite. Cela contribue à écrire une histoire dont ils sont fiers. Vivre un tel séjour, cela ouvre une voie (qui permet d’avancer) et une voix (qui permet de s’affirmer).
